La cigogne est revenue très tôt, alors que l’hiver n’avait pas dit son dernier mot. Elle s’est installée dans le nid qu’elle avait patiemment construit l’année précédente sur l’un des bras de la croix qui surplombe l’église, et que, depuis, elle a agrandi.
A quelques jours près, elle ne l’aurait pas retrouvé, en tout cas là où elle l’avait bâti, puisqu’il était prévu de le déménager. A nos yeux, il représentait un danger, mais visiblement pas pour elle. Dès le départ, elle était certaine de sa construction et jusqu’à présent, la pluie, la neige, les rafales de vent et les orages lui ont donné raison. Son nid n’a pas bougé d’un poil !
Que doit-elle penser du haut de son nid lorsqu’elle observe ce qui se passe en bas dans le monde des hommes ? De ces humains qui sont pressés, qui courent tout le temps dans tous les sens, qui font tant de bruit avec toutes leurs machines, qui sont si fiers de toutes leurs entreprises pourtant plus fragiles qu’un nid, qui ne sont pas contents de ce qu’ils ont, qui se plaignent de tout, qui se chamaillent et se font la guerre ?
Alors que, surtout à l’heure des réseaux, la moindre chose nous met en émoi, la cigogne, elle, paraît imperturbable. Elle ne se laisse guère déranger par ce qui l’entoure. Elle fait, jour après jour, ce qu’elle a à faire, sans se préoccuper du reste. Elle se contente de son nid. Elle cherche sa nourriture. Elle élève ses petits et les protège du danger. Elle scrute le ciel. Elle s’adapte à tous les temps. Elle sait quand vient le moment de partir et celui de revenir.
Et si, comme elle, nous passions ne serait-ce que cet été un peu plus détachés de tout ce qui, à longueur de journée, nous prend la tête, un peu moins connectés, un peu plus sereins, un peu plus disponibles pour écouter la voix de Dieu, un peu plus émerveillés de la beauté de la nature qui nous environne ?
« La nature est pleine de mots d’amour, mais comment pourrons-nous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de l’apparence », demande le pape François (Laudato si’, 225) ?
La cigogne est assurément, bien plus que nous, capable d’écouter ces mots d’amour. Si nous étions un rien plus imperturbables, nous les entendrions, nous aussi, beaucoup mieux !
Bel été, à tous !