Alors qu’on manifeste pour que tout ou presque soit désormais pour tous, sans trop toujours se soucier des conséquences de ces soi-disant progrès, il y a, dans l’Eglise,des réalités qui, elles, sont par définition pour tous, qui ne sont donc pas réservées qu’à quelques-uns, qui ne tiennent compte ni du fait qu’on soit un homme ou une femme ni de l’âge ni de l’origine ni de la condition ni de la couleur. Ces réalités nous mettent tous sur un pied d’égalité. Elles donnent à chacun, quel qu’il soit et d’où qu’il vienne, la même égalité.
La première de ces réalités, c’est le baptême. « Vous tous que le baptême a unis au Christ, dit, en effet, saint Paul, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 83-28). Le baptême non seulement est pour tous, mais il fait entrer dans quelque chose de plus grand que toutes nos distinctions. Par le baptême, chacun, quel qu’il soit, est du Christ, comme un membre de lui, si uni à lui et donc aux autres, comme les membres d’un même corps, que toutes les différences ne sont plus premières. Ce qui est premier, c’est que tous sont comme un seul dans le Christ. Tous les membres sont égaux. Aucun n’est plus important que l’autre.
La seconde de ces réalités, c’est la confirmation. Plus exactement, il s’agit d’une seule réalité, car la confirmation est indissociable du baptême. Le fait que, généralement, on soit confirmé à l’âge où on est collégien ou lycéen comme les jeunes qui ont été confirmés, ici, en janvier et en septembre de cette année, conduit à penser que la confirmation serait une étape après le baptême, un nouvel engagement pour les plus motivés, le moment de « confirmer » le baptême qu’on a reçu, enfant.
La confirmation, pourtant, n’est pas cela ! Elle ne « confirme » pas le baptême – ceci est un contresens ! Elle le parachève, c’est-à-dire qu’elle l’accomplit, qu’elle le mène à sa fin. La confirmation n’est donc pas pour les plus zélés, elle est pour tous, si bien que, sans la confirmation, le baptême est comme inachevé. Sans elle, il manque au baptême sa fin comme il manquerait à un livre sa conclusion.
Disons-le clairement. Un baptisé qui n’est pas confirmé n’est pas pleinement chrétien ! Il est comme cet homme qui veut bâtir une tour, dont Jésus dit qu’il pose les fondations, commence à bâtir, mais n’est pas capable d’achever (cf. Lc 14, 28-30). On a tellement parlé de la confirmation comme d’un engagement qu’on a fini par laisser croire qu’elle serait facultative, qu’on pourrait s’en passer, qu’elle ne serait que pour ceux qui sont effectivement prêts à s’engager plus.
On peut évidemment très bien vivre en chrétien sans être confirmé, mais c’est alors comme si après des années d’études, on ne passait pas l’examen final ou comme si après des mois d’entraînement, on ne participait pas au match. On sera malgré tout compétent dans le domaine qu’on a étudié ou très bon joueur, mais sûrement on restera sur sa faim, on gardera un goût d’inachevé, faute d’être allé jusqu’au bout.
L’histoire, en Occident, a tant éloigné la confirmation du baptême qu’on ne saisit plus aujourd’hui que l’un ne va pas sans l’autre. Cela est, au contraire, si important pour les chrétiens d’Orient que même un petit enfant est confirmé aussitôt après avoir été baptisé, et reçoit l’Eucharistie, mais c’est une autre question !
Même si on ne refait pas l’histoire, il est urgent qu’on prenne à nouveau conscience qu’on a besoin d’être onfirmé, marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu, pour mieux vivre selon ce qu’on est devenu par le baptême, qu’il est essentiel d’aller jusqu’au bout de ce qu’on a commencé, sinon pourquoi commencer ? Mais puisque la confirmation, comme le baptême, est pour tous, il n’y a non seulement pas d’âge, mais il n’est jamais trop tard pour être confirmé !