Il n’a pas échappé aux habitants de Waldighoffen que, durant presque tout l’été, les cigognes avaient élu domicile sur le toit de l’église. Chaque soir, elles étaient jusqu’à une quinzaine à se poser sur le faîte de la nef et du clocher. Tandis que les premières se posaient aux extrémités, celles qui arrivaient ensuite prenaient soin de garder, naturellement, une juste distance entre elles. A les observer, on se disait qu’il faut être un oiseau pour trouver confortable de dormir sur une patte, le bec dans les plumes, sans avoir le vertige !
A présent, elles ont quitté leur domicile estival et se sont envolées vers le sud. « La cigogne, dans le ciel, connaît la saison de ses migrations, dit le prophète ; l’hirondelle respecte le temps de sa venue ; mais mon peuple ne connaît pas l’ordre fixé par le Seigneur » (Jr 8, 7). Le prophète déplore que la cigogne comme l’hirondelle connaissent, elles, le moment de partir et celui de revenir, ainsi que leur itinéraire, alors que le peuple du Seigneur méprise sa parole, se détourne, se cramponne à ce qui est trompeur et refuse de retourner.
Et si, comme l’espérait le prophète pour son peuple, nous nous laissions enseigner par la cigogne ? La rentrée est comme l’occasion, pour chacun, de quitter le confort dans lequel il s’est installé et de retourner à ce qu’il a peu à peu mis de côté depuis le début du confinement, car il ne serait pas bon que les mesures sanitaires, qu’on les estime justifiées ou non, deviennent un prétexte pour ne plus participer à la vie paroissiale habituelle, ni pratiquer sa foi, une pratique qui, d’ailleurs, ne se limite pas à la participation à la messe, même si elle est le centre de la vie du chrétien, mais s’exprime aussi dans la charité qui est « entre les mains de chacun », ainsi que notre évêque l’a rappelé dans son message de rentrée.
« Notre désir de repartir se heurte encore, en cet automne, à l’incertitude, écrit-il. Chacune de nos vies est bouleversée et probablement pour longtemps. Cette incertitude peut nous paralyser durablement. Or, il nous faut, malgré tout, dans un sursaut de foi, ne pas tarder ou attendre une fin de tempête que nous souhaitons, mais qui ne s’annonce pas pour demain. Après avoir subi (que pouvions-nous faire d’autre ?) face à des événements qui nous dépassaient, il est temps de ne plus subir en reprenant cette posture active qui est la nôtre en temps habituel. »
La cigogne, elle, ne subit pas le moment où il lui faut retourner. Elle ne s’installe pas confortablement là où elle a élu domicile durant l’été. Elle n’attend pas des jours meilleurs. Elle ne tarde pas. Elle s’envole, comme dans un sursaut de foi, car elle ne sait ni si elle atteindra le but de sa traversée, ni si elle reviendra l’année prochaine.Telle la cigogne, qui connaît le moment de sa migration, ne tardons pas ! Malgré l’incertitude, repartons, retournons à ce que nous avons peut-être un peu facilement délaissé, pour que notre foi soit active, que notre charité se donne de la peine, que notre espérance tienne bon (cf. 1 Th 1, 3) !